L’exigence liée au métier de consultant en stratégie se manifeste dès la procédure de sélection des candidats par les cabinets de conseil, et se poursuit tout au long des différentes missions chez les clients qui vont rythmer le parcours professionnel des jeunes diplômés recrutés. Vu par certains comme un tremplin et par d’autres comme un sacerdoce, ce métier réclame des qualités spécifiques.
Chaque année, plusieurs milliers de jeunes diplômés des meilleures écoles d’ingénieurs et de commerce rejoignent le métier du conseil. Mais de l’avis unanime, ce métier exige une forte motivation.
Le parcours du combattant commence par un processus de recrutement particulièrement exigeant, long et sélectif. Il inclut plusieurs « tours » d’entretiens avec ses futurs collègues et supérieurs hiérarchiques potentiels (consultants seniors, managers, associés) et comporte le plus souvent l’exercice de l’étude de cas, où le candidat va devoir démontrer, à partir de cas concrets d’entreprises, qu’il est capable d’apporter une valeur ajoutée aux clients du cabinet dans lequel il postule.
Structurer sa pensée, pratiquer l’écoute active, poser ses hypothèses de travail, construire ses raisonnements et ses recommandations sur des faits, avoir confiance en soi, communiquer ses idées et ses analyses, identifier les informations à valeur ajoutée pour le client, avoir du bon sens et du « business sens », passer aisément d’une thématique à l’autre, montrer de la créativité : telles sont toutes les capacités attendues des candidats lors de ces tests, selon le site étude-de-cas.fr, spécialisé dans la formation et le coaching de candidats au consulting en stratégie.
Mais lorsque l’on décroche une offre d’un cabinet, la partie n’est pas gagnée pour autant. « Nombre de jeunes consultants, après avoir pourtant réussi les épreuves de sélection, se retrouvent dans une situation délicate, par manque d’anticipation de leur adéquation au métier au quotidien. Et le taux de contrats qui ne passent pas la période d’essai n’est pas négligeable », avertit le site.
« Diversité des missions, fort niveau d’exposition, découverte de secteurs d’activité différents, niveau élevé des collaborateurs, bon salaire… Les avantages ne manquent pas mais il ne faut pas pour autant occulter les inconvénients qui vont avec : stress, rythme intensif, déplacements fréquents, gestion constante de l’imprévu, faibles compétences managériales des associés… », témoigne un consultant de 35 ans sur Consultor, un portail (payant) du conseil. « De plus, certaines missions sont trépidantes, mais d’autres moins excitantes (thématique sans grand enjeu, équipe peu intéressante, déplacements contraignants, etc.), ce qui rend la motivation « sinusoïdale » ».
Pour lui, « l’expérience du conseil n’est souvent qu’une prolongation des études. Une application éprouvante mais valorisante, souvent excitante et bien rémunérée ». « Le métier est bien payé mais exigeant. Il est stimulant intellectuellement mais implique de travailler avec une échelle de temps très réduite. Il s’agit donc d’arbitrer entre de nombreux sujets », résume le site étude-de-cas.fr.
Des pratiques managériales renouvelées
Pour Gilles Bonnenfant, président d’Eurogroup Consulting, cabinet de conseil en stratégie, management et organisation, qui accompagne dans des projets de transformation complexes quelque 200 clients de la sphère privée et publique, « le candidat idéal est avant tout curieux. Curieux des sujets, des techniques, des cultures et des personnes. Il a de la rigueur professionnelle et sait sortir de son espace. Il doit être audacieux, empathique et humble. Nous sommes exigeants en termes de savoir-faire, mais également de savoir-être ».
Un savoir-être qu’Eurogroup Consulting cultive notamment en impliquant ses consultants et ses managers dans le mentoring des start-up que le cabinet de conseil incube chez lui. Des logiques RH mobilisatrices visant à offrir aux collaborateurs des expériences au cœur des nouvelles économies qui se créent, qu’il s’agisse du numérique ou de l’économie responsable. Des projets intrapreneuriaux sont également développés comme celui qui a donné naissance au partenaire numérique d’Eurogroup Consulting, La Javaness. « Les profils que nous recherchons sont des fortes personnalités autonomes, et il faut leur donner la possibilité de construire leur propre parcours ». Depuis quelques années, à travers sa marque employeur, Eurogroup Consulting développe ainsi une culture « d’esprit libre ».
« Je crois que ce métier est avant tout une vocation », estime le président d’Eurogroup Consulting, balayant certaines idées reçues. « Évidemment, parler de vocation à un jeune de vingt-cinq ans qui entre dans le conseil peut lui sembler étrange. Mais je crois que, dans ce métier, il doit y avoir une volonté sincère d’accompagner les personnes, de les faire évoluer et de les rendre plus autonomes, tout en étant capable de mener une démarche rigoureuse.
Dans ce registre, la société a été parmi les premières à proposer, il y a plus de quinze ans, du mécénat de compétences. « Cette utilité sociale est un facteur d’attractivité, de plaisir et d’engagement pour les jeunes diplômés, souligne Gilles Bonnenfant. Au-delà des aspects techniques ou académiques, nous recherchons des personnalités passionnées et engagées, avec une compréhension de la gestion des relations, et donc de l’empathie, et un besoin de sens à leur investissement professionnel. C’est à cela que répond la création de notre Fondation en 2017, pour nos 35 ans ».
Le consulting : tremplin ou carrière ?
« Le secteur du conseil fait aux étudiants une promesse alléchante : y faire ses armes durant quelques années afin d’acquérir une bonne expérience sans se fermer des portes par une spécialisation trop précoce dans un métier ou un secteur donné, rapporte, de son côté le quotidien Le Monde. « Un passage en cabinet de conseil peut en effet constituer une jolie carte de visite, voire un tremplin vers une carrière à responsabilités ».
L’ancienneté moyenne dans la profession ne dépasse pas ainsi cinq à six ans, selon Consult’in (ex Syntec), le syndicat professionnel du secteur. « Outre les capacités de travail, les consultants développent un esprit analytique et des réflexes de stratèges très appréciés des recruteurs », assure Rafaël Vivier, associé du cabinet Wit Associés, spécialiste du recrutement dans les entreprises de conseil.
« Ma véritable rémunération, c’est une formation accélérée et un réseau… Pour pouvoir faire autre chose après », estime par exemple un jeune consultant de trente ans sur le site Consultor. « Dans mon cabinet de conseil en stratégie, on ne compte pas les heures de travail : 60 à 70 heures par semaine, incluant soirs et week-end… Et nous bénéficions en retour d’une formation efficace et reconnue et de salaires élevés… Mais si la sensation de prendre part à des décisions importantes est grisante et gratifiante, les exigences des clients et du cabinet sont aussi très élevées ».
Malgré ces contraintes et cette sélectivité, certains choisissent néanmoins une longue carrière de consultant en stratégie. L’évaluation quasi-permanente, la méritocratie et l’évolution rapide qui caractérisent le métier constituent un premier attrait selon le site Consultor. Ce choix professionnel permet également de conseiller des cadres dirigeants au bout de deux ou trois ans et de prétendre soi-même ensuite à certains de ces postes au bout de six à huit ans d’expérience. A ce niveau de décision, l’impact réel du conseil sur le monde économique constitue également un facteur de motivation.
La part laissée à la créativité, croissante au fur et à mesure que l’on développe son expérience, est également attractive : il s’agit en effet de trouver des solutions innovantes à des problématiques business. L’environnement intellectuel et la complexité des sujets traités sont également très stimulants.
Quant à la découverte de nombreux secteurs d’activité, elle permet d’envisager une spécialisation progressive dans le domaine que l’on apprécie le plus. Et pour construire un réseau pour accompagner sa future carrière, le métier conseil est considéré comme un must.