Sommaire
La finance dans le milieu du sport
Le sport est devenu une industrie majeure à l’échelle mondiale, représentant environ 2% du PIB mondial, soit près de 1200 milliards d’euros. En France, le poids économique du sport était proche de 1,9% du PIB en 2011, soit 37,1 milliards d‘euros. Le secteur du sport a particulièrement bien résisté à la crise économique et représente un levier de croissance important pour l’économie française.Les enjeux financiers sont donc considérables dans le milieu du sport, que ce soit au niveau des clubs professionnels, des fédérations, des événements sportifs ou des sportifs eux-mêmes. Ce résumé vise à présenter les principaux aspects financiers du sport :
Le financement des clubs sportifs
Les sources de financement traditionnelles
Les clubs sportifs s’appuient historiquement sur plusieurs sources de financement :
- Les subventions publiques des collectivités territoriales, qui financent en moyenne 30% du budget des clubs
- Les licences et cotisations des adhérents
- Le sponsoring d’entreprises partenaires
- La billetterie et les droits TV pour les clubs professionnels
L’évolution des modèles économiques
Depuis les années 1990, on observe une professionnalisation croissante des clubs, avec une diversification des sources de revenus :
- Augmentation des droits TV, notamment dans le football
- Développement des stratégies commerciales et marketing
- Recherche de partenariats privés
On note aussi depuis quelques années l’arrivée d‘investisseurs dans le capital de certains clubs (Liverpool, Milan AC…). Ces fonds d’investissement injectent des capitaux importants pour développer les clubs et en tirer des revenus à plus long terme.
Les différents leviers de financement possibles
Pour trouver des financements, les clubs sportifs peuvent actionner différents leviers :
- Licences et adhésions des membres
- Sponsoring et mécénat d’entreprises
- Organisation d’événements lucratifs (soirées, tournois…)
- Vente de produits dérivés (boutique du club)
- Campagnes de financement participatif
- Demandes de subventions (ANS, collectivités…)
Le financement du sport professionnel
Des budgets conséquents
Le football est le sport roi en France : le budget global de la Ligue 1 dépasse 1,6 milliard d’euros. À titre de comparaison, c’est plus que le budget de la Française des Jeux. Dans les 5 grands championnats européens, le CA atteint près de 17 milliards d’euros.Ces budgets faramineux permettent aux clubs de recruter les meilleurs joueurs et entraîneurs. Le salaire moyen en Ligue 1 a dépassé le million d’euros annuels.
L’inflation des droits TV
Les droits TV sont devenus la première source de revenus des clubs professionnels, notamment en football, où ils représentent 36% des recettes des clubs de Ligue 1. Entre 2016 et 2020, les droits TV de la L1 sont passés de 726 millions d’euros à 1,153 milliard d’euros.Cette inflation profite aux plus grands clubs, creusant les écarts avec les « petits » clubs. Elle alimente aussi la spirale inflationniste des salaires et des transferts.
La quête de rentabilité
Malgré des budgets faramineux, de nombreux clubs professionnels ont du mal à être rentables, notamment avec la pandémie de Covid-19. En France, seuls 5 clubs de L1 sont bénéficiaires.Pour assurer leur rentabilité, les clubs doivent maîtriser leur masse salariale, optimiser leurs recettes commerciales et diversifier leurs sources de revenus. Certains clubs font même appel à des cabinets de conseil pour les aider dans leur stratégie financière.
Les investissements dans le sport
L’attractivité du sport pour les investisseurs
Le sport suscite un intérêt croissant de la part des investisseurs, attirés par des perspectives de croissance et des revenus récurrents :
- Valorisations élevées des franchises sportives
- Revenus garantis avec les droits TV
- Faible corrélation des revenus du sport avec les marchés financiers
- Passions suscitées par le sport
On estime que le marché mondial du sport pourrait atteindre 600 milliards de dollars en 2025.
L’arrivée des fonds d’investissement
Depuis quelques années, de grands fonds d’investissement comme CVC Capital Partners ou Silver Lake injectent des centaines de millions dans des ligues sportives ou des clubs :
- 27% du capital du championnat anglais de rugby
- 10% de La Liga en Espagne
- Entrée au capital de City Football Group, propriétaire de Manchester City
Ils misent sur l’exploitation commerciale des droits sportifs pour générer des revenus sur le long terme.
Vers une financiarisation du sport ?
Certains observateurs s’inquiètent de cette financiarisation croissante du sport professionnel, où la rentabilité financière prend le pas sur les valeurs sportives traditionnelles.Mais les investisseurs assurent vouloir allier performance financière et développement des disciplines sportives sur le long terme.
Les revenus des sportifs
Des salaires mirobolants
Les salaires des stars du sport atteignent des sommets. Selon Forbes, les 10 sportifs les mieux payés en 2023 gagneront plus de 1 milliard de dollars sur l’année, dont 465 millions en salaires et primes.Le footballeur Lionel Messi arrive en tête avec 130 millions de dollars de revenus, dont 75 millions de salaire au PSG. Il devance la star du basketball LeBron James (121 M$) et la légende du football Cristiano Ronaldo (100 M$).
Des écarts de rémunération importants
Même au sein d’une même discipline, on observe des écarts de salaires considérables :
- En Ligue 1, 10% des joueurs se partagent près de 60% de la masse salariale
- 45% des footballeurs pro gagnent moins de 1000€ par mois
Ces écarts s’expliquent par le statut de star et la notoriété médiatique de certains joueurs.
La difficile reconversion des sportifs
La carrière d’un sportif de haut niveau est courte (15 ans en moyenne). Sa reconversion est donc un enjeu majeur, d’autant plus après avoir gagné des sommes considérables.Certains sportifs anticipent cette transition en investissant ou en montant leur propre business pendant leur carrière.Mais tous n’y parviennent pas, faute de compétences entrepreneuriales ou à cause de mauvais conseils financiers. Les fédérations et ligues commencent à proposer des dispositifs d’accompagnement à la reconversion.
Conclusion
L’argent occupe une place prépondérante dans le sport moderne, que ce soit dans l’économie des clubs, les investissements massifs ou les salaires stratosphériques de certaines stars.Pour autant, certains acteurs du sport comme les supporters ou les pouvoirs publics veillent à ce que la dimension populaire et accessible du sport perdure, au-delà des enjeux strictement financiers. Le modèle économique du sport doit permettre de concilier rentabilité et valeurs sportives.